Mais de quoi ça parle ?

Et comme ça m'a plu, je vous le fais partager.
Alors inutile de chercher ici le dernier film à la mode, le dernier clip de musique tarazimboumante ou le dernier épisode de la série qui cartonne. Ici, je vais vous faire partager quelque chose qui m'a plu, que ce soit hier soir ou il y a 15 ans. Un film, un livre, un poème, un spectacle, une BD, une chanson, une recette de cuisine ou un site web : au grès de mes envies, de mes humeurs et de mes fantaisies. Et si je vous le fais partager, c'est pour que vous me disiez si, vous aussi, ça vous a plu ! Alors n'hésitez pas, vos critiques et vos avis seront les bienvenus.

mercredi 8 juin 2011

Labyrinth

A tout seigneur tout honneur. Pour débuter cette énumération de mes plaisirs favoris, je vais vous parler d’un film auquel je voue un culte coupable. Ce n’est pas mon film préféré, mais ça n’en est pas loin.

Un peu de nostalgie, tout d’abord. Nous sommes en 1986. J’atteins avec peine les 13 ans, et je me retrouve dans une petite salle de cinéma de St Etienne où, malgré mon jeune âge, j’avais déjà mes habitudes. Et là, sur le grand écran, je découvre un film dont j’avais vu la bande-annonce à la télévision, et qui me promettait des aventures merveilleuses dans un univers fantastique. Je découvrais « Labyrinth » de Jim Henson.



J’ai toujours aimé les films pour enfants. Même maintenant, devenu adulte, je les regarde toujours avec un plaisir coupable mais délicieux. Au fil du temps, j’ai appris à les classer en deux catégories principales : les films qui s’adressent strictement aux enfants, et ceux qui peuvent également être compris à d’autres niveaux et peuvent attendrir le cœur des adultes. Labyrinth fait définitivement partie de cette deuxième catégorie. Le scénario est pourtant des plus simple : Sarah, une jeune adolescente de 15 ans, doit garder contre son gré son petit frère, fils de son père et de sa belle-mère. Ayant souhaité dans un coup de colère que le roi des gobelins viennent lui retirer l’enfant, quelle n’est pas sa surprise quand celui-ci apparaît soudain pour exaucer son souhait. Prise de remords, Sarah aura 13 heures pour parvenir au centre du Labyrinthe et reprendre son petit frère, avant que Jared, le roi des gobelins, ne le transforme en créature répugnante. Elle devra donc traverser ce dédale polymorphe, farci de pièges saugrenus et rencontrera sur son chemin des compagnons de route en la personne de Hoggle, un nain peureux, vénal et lâche, Ludo, une grosse créature à fourrure, et Sire Didimus, un petit être mi-canin mi gentleman. 

On ne peut plus simple, n’est ce pas ? Et pourtant, il y a dans ce film beaucoup, beaucoup plus de choses qu’il n’y parait. Il faut tout d’abord savoir que ce film est le tout dernier que réalisera Jim Henson avant de disparaître en 1990, laissant un vide immense derrière lui. Pour ceux qui sont encore trop jeunes ou ceux qui auraient été séquestrés dans une pièce sans fenêtres quand ils étaient petits, Jim Henson est le plus grand spécialiste des marionnettes que le cinéma et la télévision n’aient jamais vues. Il est le créateur, entre autre, des Muppets, des personnages de Sesame Street, de Fraggle Rock, et également du fabuleux Dark Crystal. C’est pourquoi, dans Labyrinth, point d’effets spéciaux à grand renfort d’explosifs, de scènes modifiées à l’ordinateur ou des personnages dessinés par-dessus la pellicule : uniquement des marionnettes, des décors en carton pâte et le talent de Jim Henson à la caméra. C’est ce dernier point qui, du point de vue purement graphique, est le plus remarquable. Les trouvailles visuelles pullulent tout au long du film et un simple changement d’angle de caméra peut transformer le décor, embrouillant à la fois l’héroïne et le spectateur. Pêle-mèle, je citerais le puits des mains secourables, aux parois tapissées de mains qui se combinent pour former des visages et parler, le jonglage avec les boules de cristal de Jared, qui n’est tributaire d’aucun effet spécial, ou les trois pierres qui révèlent sous un certain angle le visage sculpté du roi des gobelins. Et que dire des marionnettes elle-même, plus expressives encore que dans le meilleur des films d’animations. De même, toute l’ambiguité du film se retrouve dans les petits détails que Jim Henson sème au fil des aventures de Sarah. Ainsi, la plupart des éléments rencontrés par notre héroïne se retrouvent dans la chambre de Sarah : les peluches, la boite à musique, le labyrinthe, et, si l’on est plus qu’observateur, David Bowie lui-même qui apparaît au coté de la mère de Sarah sur une photo de presse accrochée à son miroir.
Quant à l’histoire elle-même, un adulte attentif pourra s’apercevoir de beaucoup de choses. Outre les métaphores évidentes du film sur le sortir de l’enfance et l’importance de l’imagination, on notera quelques passages subtils sur les jugements faciles, l’attachement au passé et les risques de l’isolement. Et ce que j’apprécie beaucoup, c’est que tout ce contenu n’est pas amené sur un ton moralisateur ou donneur de leçons. Cela reste simple sans être ostentatoire. J’ai beaucoup apprécié également l’héroïne, qui, contrairement au poncif des ces films, n’est ni dotée de qualités plus grandes que la moyenne des gens, ni totalement niaise. C’est juste une rêveuse, confrontée à ses propres rêves. 

Si l’on excepte les parents de Sarah que l’on ne doit pas voir plus de 12 secondes , il n’y a que trois personnages « humains » dans le film. Le premier est Toby, le bébé. Mignon sans plus, ça reste un bébé, pas de quoi s’extasier. On trouve ensuite Jared, le roi des gobelins, campé par l’androgyne David Bowie. Ah, là ! Quel bon choix. Une rumeur circule selon laquelle c’est Sting qui avait d’abord été préssenti pour le role, mais qu’il n’avait pu accepter car il travaillait sur le « Dune » de David Lynch. Bien lui en a pris ! David Bowie est plus que parfait dans ce rôle, jouant de sa dualité naturelle pour exprimer le coté retord du roi des gobelins en même temps que son attirance étrange pour Sarah. Plusieurs chansons émaillent le film, toutes chantées par Bowie lui-même, du générique de début à celui de la fin. Et enfin, nous avons Sarah, interprétée par Jennifer Connelly, alors âgée de 14 ans. Aujourd’hui encore, j’ai du mal à croire qu’elle était aussi jeune. Dans la scène du bal, elle parait beaucoup plus mure et reste gravée dans ma mémoire comme la plus belle femme que j’ai jamais vu (ce qui peut facilement être expliqué par le fait que j’ai découvert ce film dans la période où les hormones se réveillent, mais je préfère y voir la trace de mon indicible romantisme). En tout cas, pour une fille si jeune, elle nous offre une performance plus qu’honorable. Jennifer Connelly ne m’a jamais fasciné par son jeu d’actrice, mais elle reste tout de même quelqu’un que j’aime beaucoup retrouver dans les (trop) rares films où elle apparaît. Un élan de nostalgie face à Labyrinth, je présume. 

Voilà ! Je m’aperçois que j’ai beaucoup encensé ce film, sans pouvoir y voir de défaut qui pourrait troubler l’image idyllique qu’il m’inspire. D’aucun diront que Labyrinth est un film qui a mal vieilli, aux accents vieillots et surannés, et moi je leur répondrais alors qu’ils ont certainement perdus cette petite étincelle de magie qui les faisait voir dans un banal carton le plus majestueux des châteaux forts. Labyrinth est un film doux, calme, sans action effrénée ou bagarre explosive. On y voit une jeune fille habillée qui passe du jean à la robe de princesse, des monstres comiques, un paladin monté sur un chien, et pas des épées magiques, des courses de voitures ou des méchants sinistres. Labyrinth est un film qui m’a fait rêver sans m’exciter, m’a fait sourire sans méchanceté et même si la vision que j’en ai est certainement déformée par les sentiments qui m’y attache, ça ne m’empêche pas de penser que c’est un sacré bon film. Je tire encore une fois mon chapeau à Jim Henson.

Bon : je vous mets à la suite une bande annonce, mais hélas, faite en 1986 elle ne reflète pas vraiment la qualité du film (on peut même y entendre des bruitages rajoutés absolument atroce comme le woooosh de l'arrivée de Jared ou le klang du miroir qui se brise. Je vous promets que ces bruitages ne sont pas dans le vrai film).

3 commentaires:

  1. Un grand classique de mes années video-club. Quand la location de VHS était le seul moyen de tromper l'ennui de ma sordide province. Je lui préfère Dark Crystal, d'ailleurs je l'ai acheté en DVD et Labyrinth pas encore.

    RépondreSupprimer
  2. Je ne l'avais pas vu étant enfant, et j'ai rattrapé le coup il y a un ou deux ans en achetant le DVD, et j'ai beaucoup aimé.
    Mais le film de mon enfance reste Willow !

    RépondreSupprimer
  3. Ah... Labyrinthe (bah oui, avec un e, j'étais jeune et je l'ai vu en VF). Tu as bien fait d'en reparler, bien fait de m'y replonger. J'avais adoré. Bien sûr, il y a Bowie, mais le puit aux mains secourables, l'énigme des deux portes (trop fière d'avoir compris toute seule), tout, tout était magique. Et puis moi, c'est mon beau-père qui me l'a montré, en video. C'était son film préféré du moment. Merci en tout cas de m'avoir à nouveau plongée dans le dédale.

    RépondreSupprimer